Le rejointoiement des briques est une opération essentielle pour la préservation et l'embellissement des murs en maçonnerie. Il consiste à remplacer le mortier détérioré entre les briques, assurant ainsi l'étanchéité, la résistance mécanique et l'aspect esthétique de la structure. Cette technique, transmise de génération en génération par les maçons, a connu des évolutions significatives grâce à l'innovation des matériaux et des outils. Aujourd'hui, le rejointoiement s'inscrit dans une démarche de rénovation durable, en harmonie avec les exigences esthétiques contemporaines.
Ce guide détaillé présente les méthodes professionnelles pour un rejointoiement impeccable, en abordant les aspects pratiques, les choix stratégiques et les solutions pour différents types de murs en briques. Nous explorerons les différentes étapes, des phases préparatoires à la finition et à l'entretien à long terme.
Préparation méticuleuse du chantier: la clé de la réussite
Une préparation soignée du chantier est primordiale pour obtenir un rejointoiement de qualité supérieure et durable. Plusieurs étapes clés sont à respecter scrupuleusement.
Inspection approfondie et diagnostic précis
Avant toute intervention, une inspection minutieuse du mur est indispensable. Il convient d'identifier précisément le type de briques (pleines, creuses, monomoyeu, bimoyeu, etc.), leur état (fissures, écaillures, effritements), le type de mortier existant (chaux, ciment, chaux-ciment), sa consistance (friable, solide) et la présence éventuelle de sels (efflorescences blanches). L'évaluation du degré d'humidité est cruciale, notamment pour déterminer le choix du mortier et les précautions à prendre. Des fissures importantes ou des problèmes structurels majeurs nécessitent l'intervention préalable d'un expert en maçonnerie. Une analyse précise permet d'anticiper les difficultés et d'adapter la stratégie de rejointoiement en fonction des spécificités du mur.
Sélection des matériaux et des outils adaptés
Le choix des matériaux est un facteur déterminant pour la qualité et la longévité du rejointoiement. Plusieurs types de mortiers sont disponibles, chacun possédant des propriétés spécifiques:
- Mortier à la chaux : Perméable à la vapeur d'eau, idéal pour les murs anciens et les briques poreuses. Offre une bonne compatibilité avec les matériaux traditionnels et une meilleure respiration du mur. Son temps de prise est plus long.
- Mortier de ciment : Plus résistant et moins perméable à l'eau, adapté aux zones humides ou exposées aux intempéries. Son temps de prise est rapide. Nécessite parfois des adjuvants pour améliorer sa maniabilité.
- Mortiers polymères : Offrent une excellente résistance à l'eau, au gel et aux agents agressifs. Plus coûteux, ils sont privilégiés pour les applications exigeantes.
- Mortier chaux-ciment : Un compromis entre résistance et perméabilité à la vapeur d'eau. Le ratio chaux/ciment influe sur ses propriétés. Un ratio de 20% de chaux hydraulique sur 80% de ciment est un bon équilibre pour de nombreuses applications.
Préparation minutieuse du support: nettoyage et protection
Le nettoyage du support est une étape cruciale. Le vieux mortier doit être soigneusement retiré à l'aide d'un burin et d'un maillet, en évitant d'endommager les briques. Un brossage énergique à l'aide d'une brosse métallique permet d'éliminer les résidus de poussière et de mortier. Pour les salissures tenaces, un décapage chimique peut être nécessaire. La surface doit être parfaitement propre et sèche avant l'application du nouveau mortier. Pour les surfaces importantes, un nettoyage haute pression peut être envisagé, mais il faut s'assurer de ne pas détériorer les briques. Il est crucial de protéger les éléments environnants (fenêtres, encadrements, végétation) avec des bâches ou du ruban adhésif. La gestion des déchets doit respecter les normes environnementales. Un échafaudage solide et sécurisé est essentiel pour la sécurité des opérateurs.
Techniques de rejointoiement: tradition et modernité
Plusieurs techniques de rejointoiement existent, des méthodes traditionnelles aux techniques mécanisées. Le choix dépend de la taille du chantier, du budget et des exigences de qualité.
Rejointoiement traditionnel à la truelle: la méthode éprouvée
Le rejointoiement traditionnel, réalisé manuellement à la truelle, permet une grande précision et un contrôle optimal de l'exécution. L'humidification préalable des briques améliore l'adhérence du mortier. Le mortier est appliqué en quantité suffisante pour remplir le joint. La pression exercée sur la truelle influence la forme du joint (creux, bombé, rentrant). La finition est assurée à l'aide d'outils spécifiques pour obtenir un rendu esthétique impeccable. Un temps de séchage variant de 24 à 72 heures (selon le mortier et les conditions climatiques) est nécessaire. La maîtrise de cette technique nécessite une expérience significative. Un maçon expérimenté peut rejointoyer environ 20 m² par jour avec une méthode traditionnelle.
Rejointoiement mécanisé: efficacité et uniformité
Pour les chantiers de grande envergure, les presses à joints mécaniques offrent une solution plus rapide et plus uniforme. Différents modèles existent, adaptés aux différents types de joints et de supports. Ces machines permettent de gagner du temps et d'assurer une grande régularité dans l'application du mortier. Néanmoins, le coût d'acquisition ou de location doit être considéré. La maîtrise de l'appareil et la connaissance des réglages sont essentielles pour un résultat optimal. Les presses à joints peuvent traiter jusqu’à 100 m² par jour, optimisant considérablement le temps de travail.
Techniques spécifiques adaptées à différents contextes
Rejointoiement de briques de parement: préserver l'esthétique
Les briques de parement, souvent fragiles et de grande valeur esthétique, nécessitent une manipulation délicate. Un mortier à base de chaux aérienne est souvent privilégié pour sa souplesse et sa compatibilité avec les matériaux anciens. L'application doit être précise et uniforme pour éviter d’endommager la surface des briques. Un nettoyage méticuleux est indispensable pour préserver l’aspect original de la façade. Il est conseillé d'utiliser une truelle en caoutchouc pour éviter les rayures.
Rejointoiement de briques anciennes: respect du patrimoine
Le rejointoiement de briques anciennes requiert une expertise particulière. L’état des briques et du mortier existant doit être scrupuleusement analysé pour déterminer la meilleure approche. Il est souvent nécessaire d'utiliser un mortier compatible avec le mortier d'origine afin de préserver l'authenticité du mur. Des techniques spécifiques peuvent être mises en œuvre pour consolider la maçonnerie avant le rejointoiement. La restauration des murs anciens requiert une sensibilité particulière au patrimoine architectural.
Rejointoiement en présence d'humidité: solutions préventives
L'humidité peut compromettre l'adhérence du mortier et engendrer des problèmes de moisissures. Un traitement préalable contre l’humidité est nécessaire avant le rejointoiement (traitement hydrofuge ou injection de résine). L'utilisation de mortiers hydrofuges et respirants est recommandée pour prévenir les infiltrations d'eau. Une ventilation appropriée après le rejointoiement contribue à l’assèchement du mur. Il est crucial d'identifier la source de l'humidité afin de traiter le problème à la source.
Finition professionnelle et entretien durable
Les étapes finales garantissent l'esthétique et la pérennité du rejointoiement.
Nettoyage méticuleux pour une finition impeccable
Un nettoyage minutieux est essentiel pour éliminer les résidus de mortier et obtenir un rendu parfait. L'utilisation d'une brosse, d'une éponge et d'eau claire suffit généralement pour enlever les taches fraîches. Pour les taches plus tenaces, des produits de nettoyage spécifiques peuvent être employés, en respectant les consignes du fabricant. Il est important de laisser sécher complètement le mortier avant de procéder au nettoyage pour éviter de l'endommager.
Protection efficace contre les intempéries
L'application d'un hydrofuge de qualité protège le mur des intempéries et assure sa longévité. Il existe différents types d'hydrofuges (hydrophobe, hydrophiles), à choisir en fonction de la nature du mortier et de l'exposition du mur. Un hydrofuge respirant permet de prévenir les infiltrations d'eau tout en laissant le mur respirer. L'application doit être uniforme, en suivant les instructions du fabricant. Un bon hydrofuge offre une protection durable contre le gel, les pluies acides et les polluants atmosphériques. La durée de vie d'un hydrofuge varie entre 5 et 10 ans en fonction de la qualité du produit et de l'exposition du mur.
Entretien régulier pour une conservation optimale
Un contrôle régulier du rejointoiement permet de détecter rapidement les fissures, les détériorations ou les efflorescences. Les réparations doivent être effectuées rapidement pour prévenir une dégradation plus importante. Un nettoyage doux et périodique, ainsi que l'application d'un hydrofuge tous les 5 à 10 ans, permettent de prolonger la durée de vie du rejointoiement et de maintenir l'aspect esthétique du mur. Une inspection annuelle est recommandée pour identifier d'éventuels problèmes.